Nous pouvons dire que nous sortons de ce conflit la nation la plus puissante du monde, peut-être la nation la plus puissantede l'histoire. La sentence du président américain Harry Truman, le 12 avril 1945, a le mérite d'être claire. L'Amérique a gagné la guerre, elle a libéré l'Europe de ses vieux
démons, et, dans les poches des GI's, débarquent les produits made in USA, qui rentrent peu à peu dans la vie quotidienne des Français : corned-beef, chocolat, beurre de cacahuète, che- wing-gum, bas Nylon, cigarettes américaines, jazz et autre Coca-Cola.
Got any gum, chum ? ( T'as pas du chewing-gum, mon pote ? ), lancent les gamins français aux soldats américains, sur le bord des routes de la Libération. Avant de les échanger, déjà mâchouillés mais avec encore un peu de goût, contre une bille de couleur.
Les chewing-gums ? Des Wrigley's évidemment, mis au point par William Wrigley, devenu, dès 1890, le roi de la gum à Chicago. Emballés par paquet de 17 plaquettes, les Juicy Fruit se disputent alors la première place avec les Wrigley Spearmint et les Orbit.
Les cigarettes blondes au goût de miel ? Ce sont les Lucky Strike, accrochés à l'élastique du casque des GI's, dont l'emballage fut redessiné par le grand designer Raymond Loewy. Les autres : Camel, Pall Mall, Chesterfield ou Old Gold, des cigarettes que l'on ne saurait allumer avec autre chose qu'un Zippo, le briquet des troupes américaines.